Analyse de l’habitat

Sur les 219 maisons recensées par l’Insee en 1999, 15 édifices ont été sélectionnés lors de l’enquête menée en 2004 par le service de l’Inventaire et une cinquantaine d’édifices repérés. Les édifices non pris en compte sont soit postérieurs aux années 1950, limite chronologique imposée dans le cadre de cette étude, soit trop transformés pour être analysables.

Les caractéristiques de l’habitat buéton

L’habitat est regroupé sur deux villages d’origine médiévale :  Bué et Venoize ; entre les deux, le Carroir Picard, assure pratiquement une continuité du bâti depuis le 19e siècle, période d’extension de ce hameau. Quant au groupement de l’Estérille, anciennement la Croix de Bué, il bénéficie de l’aménagement de la route de Bourges à Sancerre au 2e quart du 19e siècle et de la construction d’une gare (ligne de chemin de fer Bourges-Cosnes ouverte en 1893), en limite de la commune de Vinon.
La densité de cet habitat, la plus forte des communes viticoles du canton ( après Ménétréol-sous-Sancerre) s'explique par l’attrait de vignobles, réputés au moins depuis le Moyen-Age. Elle s’inscrit également dans une économie de micro-propriétés.

L’ancienneté de l’habitat (avec plus de 73 % du parc immobilier antérieur à 1949) n’est pas perceptible au premier abord : les constructions neuves, soit dominent par leur taille l’habitat traditionnel, soit englobent totalement les édifices antérieurs (fig.1 a et b). Cette impression est particulièrement sensible dans le village de Bué. Le village de Venoize a conservé un habitat plus traditionnel.

Etat en 1946
Fig. 1a : Etat en 1946, d’après un dessin à l’encre et gouache, signé Malvaux
Etat en 2003
Fig. 1b : Etat en 2003, vue prise sensiblement du même endroit. A l’intérieur de cet important établissement viticole subsistent des traces des anciens bâtiments.

Quelques vestiges anciens, essentiellement des portes de cave ou de logis, avec parfois des armoiries en partie effacées, rappellent l’origine médiévale de ces villages (fig. 2 a,b,c)


Portes
Fig. 2  a, b, c

Sur un territoire viticole depuis le Moyen Age, l’habitat traditionnel buéton se définit par ses modestes maisons de vigneron, accolées les unes aux autres (fig 3). Propriétaires de quelques parcelles de vigne, ces paysans pratiquaient une polyculture vivrière qui avant la crise du phylloxera (1893) assurait leur subsistance.

extrait du cadastre de 1819
Fig. 3  village de Bué, extrait du cadastre de 1819

La maison traditionnelle vigneronne est soit en rez-de-chaussée surélevé sur cave voûtée, semi enterrée (fig.4) soit à étage, le cellier occupant alors le 1er niveau. L’escalier extérieur en pierre est donc un élément essentiel de cet habitat. Cette maison n’a qu’une pièce à vivre, éclairée par une seule fenêtre, voire simplement par une porte à double battant (en 1819, on dénombre dans le village de Bué 17 logis de ce type) . La cheminée est en pignon et le four à pain est établi contre le mur gouttereau, implantation typique du Sancerrois (fig.5). Etable, grange ou pressoir prolonge l’habitation.


Fig. 4 maison de vigneron avec logis à l'étage
four à pain sur mur gouttereau
Fig. 5 four à pain sur mur gouttereau, état en 1974

Se détachent de ce type d’habitat élémentaire quelques maisons d’allure bourgeoise, appelées vigneronneries, propriétés autrefois d’abbayes comme celle de Chalivoy, de nobles comme la famille de Chabaut-Latour ou de bourgeois, détenteurs de nombreuses parcelles de vigne ou de bois. Généralement à étage, ces maisons ont été au cours du temps divisées et se confondent aujourd’hui avec les grandes fermes bloc à terre construites dans la 2e moitié du 19e siècle (fig.6).

ferme bloc à terre
Fig. 6

Entre 1870 et 1890, 64 constructions neuves ou agrandissements sont réalisées sur la commune, révélant un certain essor économique. Les maisons gagnent en hauteur avec des greniers occupant la valeur d’un étage. Les modes constructifs ne changent guère : moellon de calcaire ou de grès et chaînage en pierre de taille, enduit à la chaux et au sable de la Loire (fig.7). En 1893, L’anéantissement du vignoble buéton entraîne le départ d’un tiers de la population et l’abandon de nombreux bâtiments. Depuis les années 1960, la remarquable réussite de la viticulture buétonne a relancé de façon spectaculaire la construction neuve au dépens des maisons et bâtiments agricoles traditionnels inadaptés.

mode constructif typique
Fig 7

Liste des édifices repérés