Au cœur du Sancerrois viticole, Bué est une commune emblématique : la culture ancestrale de la vigne s’étend actuellement sur 47% de son territoire. Le vignoble buéton couvre 10 % de la superficie en AOC des vins de Sancerre.
Cette commune, de quelques 630 hectares seulement, à 4 Km à vol d’oiseau de Sancerre, est située dans une combe orientée nord-ouest sud-est. Dans le fond de la vallée et sur les premières pentes des coteaux, les villages de Bué et de Venoize concentrent la totalité de l’habitat. Sur les coteaux les plus pentus, la vigne est omniprésente. La variété des sols : calcaire pure (dite caillottes), argilo-calcaire (dite terres blanches) et argile à silex, contribue à la richesse et la diversité de la production viticole locale.
Notes d'histoire… L’occupation du site à l’Age du Fer est confirmée par les nombreuses sépultures découvertes au 19e siècle près de l’Esterille. La proximité de la voie romaine de Bourges à Auxerre et l’existence d’une source aux vertus curatives au cœur même de Bué, confortent l’hypothèse de l’ancienneté de l’habitat.
En 1156, la paroisse de Bué est attestée sous le patronage du chapitre Saint Etienne de Bourges. Quant à la seigneurie primitive de Bué, elle est au 13e siècle dans la mouvance de celle de Beaujeu (maison de Sully). Bien que le village de Bué ait été alors qualifié de ville, aucune trace physique ne subsiste de ce pouvoir féodal laïc.
Au 13e siècle déjà, le vignoble buéton est apprécié. 3 pressoirs sont mentionnés en 1286. Les détenteurs de vigne, laïcs mais surtout ecclésiastiques (chapitre Saint Etienne, abbayes de Chalivoy et de Saint Laurent de Bourges) font travailler une population locale nombreuse dont la densité est l’une des plus fortes de la contrée au 16e siècle. Certains vignerons possèdent quelques lopins de terre mais la majorité d’entre eux ne sont que de simples manœuvres.
 |  | Extrait du plan du comté de Sancerre, conservé au château de Chantilly Ce plan, a été dessiné par Nicolas Lallemant, dans les années 1670, pour le prince de Condé, comte de Sancerre. Le village de Bué est alors dans la mouvance du comté de Sancerre alors que celui de Venoize dépend de la seigneurie de Beaujeu. La concentration de l’habitat sur ces deux sites est déjà bien perceptible. |
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 | | Extrait de l’Atlas de Trudaine « grand chemin de Sancerre à Bourges », milieu 18e siècle, conservé aux Archives Nationales. La multiplicité des chemins menant au village de Bué est une preuve de la densité des échanges sur ce territoire qui est ici clairement indiqué comme viticole ; le fond de vallée est toutefois réservé aux prairies.
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 | | Extrait de la carte de Cassini, datée du milieu du 18e siècle. |
Au cours des siècles suivants, l’espace viticole se réduit, à Bué, comme sur l’ensemble du territoire.
Au début du 19e siècle, les terres labourables occupent encore 57 % du territoire buéton. Les versants les plus raides, orientés au sud et à l’est sont toutefois plantés de vigne (Pinot noir et Gamay majoritairement), sur de petites parcelles de 5 mètres de large et une superficie de 5 ares en moyenne. C’est en fait une économie de polyculture vivrière, à dominante viticole, avec un important cheptel caprin à partir des années 1870, qui se maintiendra jusqu’au milieu du 20e siècle.
Le vignoble atteint 175 hectares en 1885 et l’exportation de la production sur le département et vers Paris par voies navigables assure la rentabilité des exploitations. La densité de la population est alors à son niveau le plus élevée, lorsque la crise du phylloxera (1893) frappe la commune.
Bué aujourd’hui
La monoculture de la vigne s’impose. L’élevage des chèvres a disparu dès les années 1970 et la polyculture a été peu à peu abandonnée. Ce changement de mode de production a profondément marqué l’économie, la société et l’habitat de la commune. Il a été favorisé par un regroupement parcellaire, organisé sous l’égide de la SAFER, dès 1975. Actuellement, les exploitations viticoles sont au nombre de 35 sur une superficie de plus de 297 hectares plantés en Sauvignon et Pinot Noir (avant 1975, 318 propriétaires se partageaient 2.140 parcelles de vigne).
La filière vinicole, soutenue par une exportation massive, est en progression constante. Le seul bémol à cette incontestable réussite est la fragilisation de l’environnement. Les violents orages de 1990 et 1992, entraînant d’importantes inondations et coulées de boue, ont révélé une inquiétante érosion des sols ; la mise en culture trop intensive, le désherbage chimique et la disparition des haies sont, entre autres, mis en cause. La réalisation d’un réseau hydraulique, entrepris dès 1991 sur l’ensemble de la commune et plus récemment l’enherbement des parcelles et la protection de zones boisées, offrent des réponses efficaces à ce risque de déséquilibre écologique.

Chronologie de l'implantation de l'habitat
(d'après les premières mentions d'archives et les sources cartographiques consultées)
L'ancienneté et la concentration de cet habitat sont particulièrement visibles sur cette commune. Sur la commune de Bué
• 50 édifices repérés
• 20 édifices ou ensembles bâtis sélectionnés
• 8 objets mobiliers religieux sélectionnés